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Blognotes
18 novembre 2006

Océoran

Copie_de_orleans

Nous marchions côte à côte ,puis au détour de la rue, Khalid toujours avec ses airs de vieux routard doux se joignait à notre balade.Khalid aimait raconter les histoires drôles.
Telle l’histoire de Hassan l’oranais qui pour la première fois faisait la connaissance avec le cinéma.”Il achetait son ticket,entrait dans la salle puis revenait systématiquement au guichet quelques instants après. Au bout de la troisième fois,intrigué le guichetier lui demandait “mais pourquoi tu reviens à chaque fois?” et à Hassan moustache de répondre ” chaque fois que je rentre dans la salle, un type costaud me déchire le ticket,alors je reviens en chercher un autre!”.
On s’esclaffa de bon coeur.Je pensais que demain,j’irais en soirée revoir “les 7 samouraïs” à la cinémathèque d’Oran . Actuellement la file s’installait pour découvrir le film “Indigènes”.

Oran avait ses quartiers, ses codes et ses initiés. Les familles étaient éparpillées selon leur date            d ‘arrivée dans cette cité. Les anciens habitués d’Oran connaissaient l’esprit transmis par ses vieux de la vieille ville : une sagesse populaire faite de règles perpétuées par des initiés, celles de bonne tenue ou retenues pour être un brave parmi les braves. Les sages des vieux quartiers savaient jauger d’un seul regard où se cachait la valeur d’un jeune oranais.

Certains quartiers passaient pour malfamés, grouillant d’une faune qui se pavanait dans les cafés. Peu de femmes non accompagnées s’y aventuraient. De fait, rien à Oran ne sacrifiait à l’honneur et la vertu, sinon une sorte d’ ivresse à l’existence, sûrement la conséquence de l’ envoûtement par la mer et de ses mystères qui traversaient l’âme des anciennes rues et ruelles.

Aïcha était respectée dans son quartier. Le matin elle prenait le bus pour aller travailler et se sentait surveillée..d’un regard circulaire ,elle y faisait l’inventaire des pickpockets, s’il y en avait. Certains jeunes avaient toujours la main tendue vers…certains objets qui leur étaient familiers…parfois, le bracelet…des policiers.

Aïcha aimait son pays et sa ville. Elle était rieuse ,pensant que rire pouvait guérir toutes les souffrances de l’existence.
Elle était pieuse, fondait toute sa croyance sur le dieu de clémence et de miséricorde. Mourir, très tôt elle sut ce que cela voulait dire, elle n’ arrivait pas spirituellement à dire ce que les sombres années de terreur et de chaos voulaient prédire. Maudire, maudire…les maux qui entreprirent de faire périr son pays.

Parfois lui reviennent comme en échos les images pénibles des algériens en détresse, une détresse qui plongea son pays dans une faiblesse politique avatar d’une conséquence historique.
Aîcha respectait le savoir et ne faisait jamais le deuil de la raison. A la maison elle aimait lire et entretenir son esprit avec de la poésie arabe ancienne qui exaltait la chevalerie des nobles idéaux. Elle jugeait inadmissible que le sang coula, alimentant la confusion dans le coeur des croyants. Elle pensait à tous ces érudits poètes et intellectuels, hommes et femmes de culture algérienne sacrifié(e)s sur l’autel de la méconnaissance et de l’ignorance. Elle restait aux aguets, à l’affût de nouveaux ravages,cause d’autres dérapages de la nouvelle page que son pays tente d’écrire.
Aîcha voulait inscrire la bonté et la liberté dans le coeur des hommes.

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