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Blognotes

4 août 2008

C'était le temps...

Jamal parcourait la grande esplanade du front de mer,il faisait beau. Il connaissait cet endroit ,il venait souvent méditer, assis sur un des bancs qui surplombaient le thêatre de verdure d'Oran. Il venait là, l'été .

Ce jour là avant de s'asseoir, il croisa du regard un vieux monsieur dont le visage lui était familier. Jamal voulait lire quelques pages d'un livre qu'il avait commencé, qui s'intitulait " les graviers rouges" ;Il décrivait le départ d'un jeune homme pour le maquis pendant la guerre d'Algérie. Le vieux monsieur fixait la couverture du bouquin ,contemplait le visage de Jamal et d'une voix sereine sortit de son long silence. Il entreprenait la conversation avec son compagnon assis sur le même banc public en haut des arènes d'Oran.

Il commença sa phrase par " c'était le temps des autres chants de la mémoire, je me souviens encore disait-il. Le regard du monsieur s'illuminait, il était majestueux dans sa posture digne d'un personnage qui sortait du fond des pages du livre que tenait Jamal entre ses mains.

-Je me souviens d'Oran, elle était la ville qui se réveillait aux murmures des  doux vents venus de la mer. Les grandes rues s'animaient doucement aux sons des tramways qui tintinnabulaient, puis les passagers dans les rues du centre ville, déambulaient  encore assommés par de longues soirées estivales de fin de semaine. Ils y'avaient ceux qui passaient leur dimanche en famille aux bords des plages, ils se rassemblaient entre familles et amis.C'était certaines fois, de grandes tablées autour de la nourriture qui n'était que prétexte à de grandes envolées de joie et de bonheur, pour l'instant des sentiments partagés. Le vendredi c'était souvent, la promesse que le week-end sera beau.

Je me promenais le long des boulevards, près de la place d'armes racontait le monsieur. Une foule grouillait , femmes, enfants et badauds s'entrecroisaient en un mouvement incessant, les bruits de la ville résonnaient, en une sorte de musique des bals populaires. Les vitrines des magasins rivalisaient en séduction pour attirer une clientèle, qui de fait, n'avait pas besoin de grandes choses pour vivre sous ce soleil implacable, mais généreux. Des couples marchaient éternellement amoureux le long des trottoirs tendrement enlacés. On pouvait regarder dans certaines vitrines de photographes, des portraits de quelques militaires ,des appelés français qui posaient pour des portraits qu'ils envoyaient à leurs fiancées qui habitaient au bled en France. C'était des photographies en couleurs dont les prises de vues étaient presque identiques. Dans ce même boulevard l'animation était à son comble, on respirait vers la fin de l'après midi les senteurs de cafés, les terrasses, ne désemplissaient pas, odeurs de boissons ,de spiritueux, auxquelles se mêlaient les délices des kémias qui fidélisaient les clients aux comptoirs des bars. Les bars servaient de la bière à tour de bras. Elle coulait à flot dans une robe dorée. Pressée, elle laissait épancher son amertume fondante, dans une mousse rousse ou blanche qui s'étalait. On poussait les gens parfois, pour se frayer un passage entre des amis qui discutaient à hautes voix des derniers résultats sportifs ou alors, tel événement vécu la veille.

La rue de la Bastille ne sommeillait jamais. Elle était envahit par des passants attirés comme des abeilles autour d'une ruche de miel. Le long des rues avoisinantes les chaises étaient posées par endroit, juste aux seuils des portes des immeubles ou des quelques maisons. Des personnes âgées assises là, attendaient le retour de la fraîcheur du soir, elles s'entretenaient entre elles de choses et d'autres. Les portes des habitations étaient toujours ouvertes, seuls des rideaux parfois blanchis par les assauts d'un soleil souverain, se délavaient de leurs couleurs. On respirait la propreté des logements entretenues pendant la journée.

Marie l'espagnole était assise toujours là, devant sa porte son rideau à peine écarté, elle rentrait chez elle, puis ressortait avec son long châle espagnol qu'elle mettait sur son dos. La fiestà était dans le quartier. Les uns et les autres convergeaient vers cette célébration de ces jours sans fin, ou seul le retentissement d'une rafale de balles en l'air laissait prévoir une autre histoire.

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13 février 2007

vidéoran

19 novembre 2006

Une mer à boire..

Sans eau, Oran, faisait le rang des sots qui portaient des bidons. On ne se bidonnait pas les jours des grandes pénuries. On restait ahuris devant une ville au bord de l'eau..une  mer à portée de tous. Belle, étendue et magnifique dans ce  grand bleu ...bien des fois, toute une mer à boire pour prendre une douche. Le Hamman était une expédition en baluchons plein le savon. D'entrée, l'on risquait les dérapages controlés sur une dalle d'un sol  glissant. C'était la navette pour  remplir d'eau les bacs pour se laver, l'on se retrouvait fesses en l'air s'accrochant à ses seaux..Honni soit mal de dos qui y pense!..Mais rien ne remplace les saveurs de ces matinées cocasses où l'insolite se disputait la place à la jovialité de toujours.. restant digne devant...les forberies des mauvais Djinns qui étaient espiègles et tracassaient  de bien bons citadins, assoiffés... de justice. La journée s'annoncait belle, propice pour aller se promener...

18 novembre 2006

Meriem

theatverdure

Aïcha rentrait tôt du boulot. Aujourd’hui elle décide de rendre visite à sa cousine, elle s’est toujours sentie proche de Meriem. Meriem avait la grâce et la majesté d’une gazelle. C’était une fée du logis, elle s’occupait d’une main de maître de son petit univers.
Dans le bus qui l’amenait vers chez Meriem , Aïcha les pensées vagabondes regardait assise la rue défiler. Elle se posait la question sur cette mal vie qu’elle voyait autour d’elle, des gens portant le quotidien comme un fardeau. Certaines ambiances de rues sont si maussades, une véritable sinistrose.
Sûrement que beaucoup de choses contribuent au malaise des jeunes,d’abord, pense t-elle, pourquoi choisir cette situation extrême pour défier cette fatalité? Partir à la Conquête du monde quand on le peut? au risque insensé d’un aller sans retour. C’est l’attente qui tue, attendre des décennies un espoir en exil. Aïcha voit bien que l’usure du temps est là. Sa ville s’appauvrit, le bâti tombe en ruine, plusieurs immeubles se sont effondrées cette semaine pas très loin de son quartier. La classe moyenne qui faisait la fierté d’Oran est presque laminée. Les journalistes,les avocats ,les professions libérales en général peinent à construire une confiance dans l’avenir. Pour être à l’abri en Algérie, il vaut mieux être riche...même si beaucoup trichent.

Meriem avait fait un gâteau, elle ouvrit la porte à Aïcha. Elles s’embrassèrent chaleureusement et, le temps de déposer ses affaires, Aïcha demandait des nouvelles de son oncle.
Aïcha avait une tendresse particulière pour ce vieil oncle, qui était de la génération de ceux qui avaient subi la guerre.
Actuellement il s’agissait d’autres guerres, celles contre la pauvreté, l’analphabétisme, l’ignorance, la désespérance et la “Hogra”.Aïcha sortit de son sac le cadeau qu’elle voulait faire à sa cousine, une belle robe d’intérieur et une Djellaba marocaine pour quand l’occasion se présenterait. Elle était fière Meriem de sa blousa qui lui rappelait la majesté des femmes de jadis. Ces belles dames portaient l’habit comme une parure, un charme pour le regard et étaient, selon leur âge, chacune dans son bonheur de partager ce plaisir des étoffes et des couleurs…probablement remède à toutes les douleurs.
Aïcha portée par la joie d’échanger avec Meriem, n’avait pas senti le temps passer, il était temps de rentrer.

18 novembre 2006

Une autre histoire...

oran_201960_20003

Mais où est la vérité ? encore cette question qui revenait inlassablement dans l’esprit de Jamal. C’est à la souffrance qu’il devait la sienne, le peuple ,lui en avait-il besoin?
Le peuple, mot qui très jeune lui était devenu familier. Un peuple assis,assisté par les différents colonialismes de la pensée.
Les peupliers projetaient toujours de l’ombre sur les tombes des humbles. Vivre à l’ombre du peuple. Qui était-il? Surêment toutes les images qu’il gardait, un fellah assis au bord du champ, chantant les louanges de la providence. Un maquisard redevenu blédard commémorant une fraternité d’arme à la mémoire des compagnons disparus. Un peuple du levant ,au regard franc et sincère murmurant les chants anciens, un ami de la nature que des traditions ancestrales lui apprirent ce que vivre voulait dire. La mort par ses rites funéraires immuables inclinait ce peuple vers ce voyage du destin sans retour et sans clandestins.
Jamal savait qu’un jour son peuple était debout fêtant sa délivrance, mais ceci reste une autre histoire.

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18 novembre 2006

L'été oranais...

regent

L’été est passé. De nouveaux voisins se sont installés près du logement de Jamal. Un jeune couple qui entame son union , un mariage à fleur de l’âge sans étalage , deux âmes nées dans le même village près d’Oran. Ce fut un mariage comme ceux que les citadins vivent dès que le printemps est bien avancé, des cortèges de voitures se mettent à faire le tour des quartiers. On se marie en rythme, ou on ne se marie pas à Oran...Les capots et toitures des voitures deviennent de grosses caisses de tambourins où des mains agiles tapent la cadence pour mettre toute la ville en transe. Les femmes, tous voiles dehors, vous lancent des youyous stridents à vous faire swinguer les dents, tout en risquant leurs têtes hors des vitres des voitures en marche. Les automobiles roulent en une file bien agencée où la plus belle guimbarde se barde de jolis rubans colorés et signe l’appartenance de sa classe sociale. Le bouquet de fleurs souvent mis sur le devant de la première voiture du cortège ouvre cette marche nuptiale vers le bonheur. Un bonheur tant rêvé par des jeunes dont beaucoup d’entre eux se marient de plus en plus tôt. Parfois, ils se lient au printemps pour divorcer l’été. Ces séparations signent le divorce des jeunes couples avec le temps, un temps perdu les vouant à la méconnaissance des uns et des autres. La vie reprend ses droits car l’adversité a ses lois.

18 novembre 2006

Océoran

Copie_de_orleans

Nous marchions côte à côte ,puis au détour de la rue, Khalid toujours avec ses airs de vieux routard doux se joignait à notre balade.Khalid aimait raconter les histoires drôles.
Telle l’histoire de Hassan l’oranais qui pour la première fois faisait la connaissance avec le cinéma.”Il achetait son ticket,entrait dans la salle puis revenait systématiquement au guichet quelques instants après. Au bout de la troisième fois,intrigué le guichetier lui demandait “mais pourquoi tu reviens à chaque fois?” et à Hassan moustache de répondre ” chaque fois que je rentre dans la salle, un type costaud me déchire le ticket,alors je reviens en chercher un autre!”.
On s’esclaffa de bon coeur.Je pensais que demain,j’irais en soirée revoir “les 7 samouraïs” à la cinémathèque d’Oran . Actuellement la file s’installait pour découvrir le film “Indigènes”.

Oran avait ses quartiers, ses codes et ses initiés. Les familles étaient éparpillées selon leur date            d ‘arrivée dans cette cité. Les anciens habitués d’Oran connaissaient l’esprit transmis par ses vieux de la vieille ville : une sagesse populaire faite de règles perpétuées par des initiés, celles de bonne tenue ou retenues pour être un brave parmi les braves. Les sages des vieux quartiers savaient jauger d’un seul regard où se cachait la valeur d’un jeune oranais.

Certains quartiers passaient pour malfamés, grouillant d’une faune qui se pavanait dans les cafés. Peu de femmes non accompagnées s’y aventuraient. De fait, rien à Oran ne sacrifiait à l’honneur et la vertu, sinon une sorte d’ ivresse à l’existence, sûrement la conséquence de l’ envoûtement par la mer et de ses mystères qui traversaient l’âme des anciennes rues et ruelles.

Aïcha était respectée dans son quartier. Le matin elle prenait le bus pour aller travailler et se sentait surveillée..d’un regard circulaire ,elle y faisait l’inventaire des pickpockets, s’il y en avait. Certains jeunes avaient toujours la main tendue vers…certains objets qui leur étaient familiers…parfois, le bracelet…des policiers.

Aïcha aimait son pays et sa ville. Elle était rieuse ,pensant que rire pouvait guérir toutes les souffrances de l’existence.
Elle était pieuse, fondait toute sa croyance sur le dieu de clémence et de miséricorde. Mourir, très tôt elle sut ce que cela voulait dire, elle n’ arrivait pas spirituellement à dire ce que les sombres années de terreur et de chaos voulaient prédire. Maudire, maudire…les maux qui entreprirent de faire périr son pays.

Parfois lui reviennent comme en échos les images pénibles des algériens en détresse, une détresse qui plongea son pays dans une faiblesse politique avatar d’une conséquence historique.
Aîcha respectait le savoir et ne faisait jamais le deuil de la raison. A la maison elle aimait lire et entretenir son esprit avec de la poésie arabe ancienne qui exaltait la chevalerie des nobles idéaux. Elle jugeait inadmissible que le sang coula, alimentant la confusion dans le coeur des croyants. Elle pensait à tous ces érudits poètes et intellectuels, hommes et femmes de culture algérienne sacrifié(e)s sur l’autel de la méconnaissance et de l’ignorance. Elle restait aux aguets, à l’affût de nouveaux ravages,cause d’autres dérapages de la nouvelle page que son pays tente d’écrire.
Aîcha voulait inscrire la bonté et la liberté dans le coeur des hommes.

18 novembre 2006

Océoran

cariougalieni

J’aimais Oran. C’était une belle fenêtre sur cette étendue bleue azur qui vous rassure. J’arpentais ses artères et connaissais son caractère. Les jeunes aimaient son ambiance faite de gaudriole et de situations très drôles.L’ami de ton ami devenait ipso-facto ton ami, celà lui octoyait le privilège de quitter la terrasse du café, où des amis s’attablaient, sans payer l’addition de sa propre consommation.

Je voyais passer Jamal, toujours reconnaissable à sa démarche particulière. Il était étudiant à la faculté de la Sénia, qui saigna son coeur, d’avoir tant chercher l’âme soeur. Il déambulait souvent le long des trottoirs.

Malgré les apparences et ses apparats Oran tenait à son code d’honneur,il fallait mieux s’accrocher aux comptoirs des bars,que de lutter contre son éros barbare.

Jamal vint vers moi.” Où va t-on? “,je lui répondis “ là où nos pas nous conduirons ”. On aimait discuter le long des rues de traverse, au calme pour échanger des états d’âme ,comme pour se prémunir de cette routine qui parfois engendrait des drames.

18 novembre 2006

Jamal

petitvichy

Jamal avait mal. Un mal d’être car rien ne répondait à sa quête d’être un Algérien. Des questions lancinantes trottaient dans sa tête. Il cherchait et cherchait encore son chemin dans la multitude glauque de ces jours sans fin. Il avait faim d’apprendre et de connaître enfin ce bonheur qu’on lui disait possible.

Il avait une soif qui le torturait par des maux à faire plier un chameau devant cette terre à rides où les jeunes vieillissaient et rétrécissaient comme des peaux de chagrin. Jamal buvait le chagrin comme ces graines d’amertunes asséchées par le vent des dunes. Les palmiers de l’avenue ondulaient leurs palmes, il ramassa quelques noyaux qui glissaient sous ses pieds ,des pieds qui pas à pas l’amenaient vers une impasse sans avenir.

18 novembre 2006

Aïcha

cariou2

Aîcha marchait en rasant les murs crépis qui hurlaient de dépit. Elle surveillait la rue. Souvent elle se faisait accoster par des badauds à la recherche d’illusoires badinages.
Elle s’empressait de changer de trottoirs. Elle pressa le pas et reconnut Jamel qui s’avançait vers elle.
” Tu connais la nouvelle? ”
Non répondit Aîcha , ” Encore des corps repêchés à la jetée du port!”; Aîcha ne disait rien. Jamal visiblement était choqué.
Pourquoi tant de détresse dans la jeunesse?
Aicha répondit à Jamal ” je rentre à la maison”.
Les murmures de la ville s’ajoutaient aux rumeurs, comme une épaisse clameur qui étouffait les passants de chaleur.

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